Monday, April 09, 2007

Baudelaire fotografado por Felix Nadar

O Sonho de um curioso

A Felix Nadar

Conheces como eu a dor deliciosa?
De ti fazes dizer: "Oh! Homem singular!"?
-- Eu ia morrer. Era, na alma amorosa,
Desejo e horror, um mal particular;

Angústia e esperança, sem veia facciosa.
Mais eu sentia a hora fatal escoar,
Era a tortura mais amarga e saborosa;
Meu coração deixava o mundo familiar,

Menino no teatro, tomado de anseio,
Com ódio da cortina, ódio do bloqueio...
Mas a verdade fria se mostrou enfim:

Eu morrera sem susto e já me rodeava
A terrível aurora. -- Então é assim?
O pano estava erguido e eu ainda esperava.


Le Rêve d'un curieux

À Félix Nadar

Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire: "Oh! l'homme singulier!"
-- J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse,
Désir mêlé d'horreur, un mal particulier;

Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.
Plus allait se vidant le fatal sablier,
Plus ma torture était âpre et délicieuse;
Tout mon coeur s'arrachait au monde familier.

J'étais comme l'enfant avide du spectacle,
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle ...
Enfin la vérité froide se révéla:

J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore
M'enveloppait. -- Eh quoi! n'est-ce donc que cela?
La toile était levée et j'attendais encore.

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