Sunday, September 11, 2005

Ingres



Charles Baudelaire, tradução Jorge Pontual

Hymne à la Beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté? ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau!
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu!
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu?

De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds?



Hino à Beleza

Vens do abismo? Ou vens do fundo céu sublime?
Beleza, teu olhar divino e infernal
Verte confusamente a bondade e o crime,
E por seres assim o vinho é teu igual.

Teu olhar pôr-do-sol e aurora entrelaça;
Noite de tempestade, exalas frescor;
Teu beijo, um licor, a boca, uma taça,
Dão fraqueza ao herói e ao menino, valor.

Desces dos astros? Vens de uma negra morada?
O Destino fiel te segue como um cão;
Governas tudo, nunca respondes por nada,
Semeias ao acaso prazer e aflição.

Beleza, o Horror é teu maior encanto,
Caminhas sobre mortos que te fazem rir;
O Homicídio, jóia que adoras tanto,
Dança sobre teu ventre altivo, a sorrir.

O efêmero voa para a tua vela,
Crepita, queima e diz: Obrigado, clarão!
O amante esbaforido sobre sua bela
Imita um moribundo a beijar o caixão.

Quer venhas do céu ou do inferno, que me importa,
Beleza, monstro enorme, ingênuo, sem lei,
Se teu riso, teu ar, teu pé, abrem a porta
Do Infinito que amo e jamais encontrei?

Som, perfume, luz, tu que para mim és tudo,
Anjo ou Sereia, cria de Deus ou Satã,
Que me importa se tornas, olhar de veludo,
O mundo menos feio, a vida menos vã?

Courbet

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